Friday, May 05, 2006

Stephen Colbert (WHCAD) en français.

Samedi 29 avril 2006, au diner annuel des correspondants à la maison blanche quelque chose s'est passé. Je ne parle pas du numéro de "double you" vu en France. Non, je parle de ce qui est passé inaperçu pour l'AFP. Les 20 minutes de discours de Stephen Colbert (comédien) sont le sujet de ce post. Voilà donc une traduction de la transcription effectuée par le daily kos (http://www.dailykos.com/story/2006/4/30/1441/59811) . NB, il manque la traduction de la video a lafin. Par ailleurs, c'est un WIP, faites vos remarques dans les commentaires.


Stephen Colbert:
Merci, mesdames et messieurs. Avant de commencer, on m'a demandé de faire une annonce personnelle. Celui qui a garé 14 SUV blindés noirs devant, est prié de les déplacer. Ils bloquent 14 autres SUV blindés noirs qui doivent sortir.

Wow, wow, quel honneur. Le diner des correspondants à la maison blanche. Etre assis ici, a la même table que mon héros Georges W. Bush, être si près du lui. J'ai l'impression de rêver. Pincez moi. Vous savez quoi? J'ai le sommeil lourd -- c'est peut être pas suffisant. Qu'on me tire dans le visage. [A GWB] Il n'est vraiment pas là? Zut. La personne qui aurait pu aider[Allusion a Cheney et l'accident de chasse].

Au fait, avant que je commence, si quelqu'un a besoin de quoi que ce soit à sa table, il suffit de parler lentement et clairement dans le numéro de votre table. Quelqu'un de la NSA se presentera promptement avec un cocktail.

Mark Smith[journaliste a AP], Mesdames et messieurs de la presse, Madame la présidente, M. le president, mon nom est Stephen Colbert et ce soir c'est mon privilège de fêter ce président.

Nous ne sommes pas si différent, lui et moi. Nous ne sommes pas des cerveaux de la patrouille intello. Nous ne somme pas membres des Factinistes. Tout nous vient des trippes, n'est-ce pas monsieur? C'est là que se trouve la vérité, dans les trippes. Saviez-vous que nous avons plus de nerfs reliés aux trippes qu'à nos têtes? Vous pouvez vérifier. Je sais certains parmi vous diront "J'ai vérifié, et ce n'est pas vrai." C'est parceque vous avez vérifié dans un livre. La prochaine fois vérifiez dans vos trippes. Je l'ai fait. Mes trippes me disent que notre système nerveux fonctionne comme ça. Tous les soirs dans mon émission, The Colbert Report, je parle juste avec mes trippes, OK? Je donne aux gens la vérité, non filtrée par des éléments rationels. J'appelle ça la "No Fact Zone". Fox News, je détiens le copyright sur ce terme.

Je suis un homme simple à l'esprit simple. J'ai un ensemble simple de croyances auxquelles je me fie. Premièrement je crois en l'Amerique. Je crois qu'elle existe. Mes trippes me disent que j'y habite. J'ai le sentiment qu'elle s'étend de l'Atlantique au Pacifique, et je crois fermement qu'elle a 50 Etats. Et je suis impatient de voir le Washington Post retourner ça demain. Je crois en la démocratie. Je crois que la démocratie est notre plus grand produit d'exportation. Du moins jusqu'à ce que la Chine trouve un moyen de l'imprimer sur du plastique pour trois cents l'unité.

En fait, Ambassadeur Zhou Wenzhong, bienvenue. Votre grand pays rend nos Happy Meals possibles. J'ai dit que c'était une fête. Je crois que le gouvernement qui gouverne le mieux est celui qui gouverne le moins. Et, selon ce principe, nous avons mis en place un gouvernement fabuleux en Irak.

Je crois qu'on peut sortir la tête de l'eau. Je crois que c'est possible -- j'ai vu Houdini le faire une fois. C'était magique. Et, bien que je sois un chrétien dévoué, je crois que tout le monde a le droit à sa propre religion, Hindu, Juif, ou Musulman. Je crois que les chemins menant à l'acceptation du sauveur jesus, sont infinis.

Mesdames et messieurs, je crois que c'est du yahourt, mais je refuse de croire que ce n'est pas du beurre. Au delà de tout je crois en ce Président.

Bon, je sais qu'il y a des sondages qui disent que sa cote de popularité est de 32%. Mais les gens comme nous ne prêtent pas attention aux sondages. Nous savons que les sondages ne sont qu'une collection de statistiques qui reflètent ce que les gens pensent en "réalité". Et la réalité a notoirement tendance à être Liberal.

Donc, M. le Président, s'il vous plaît, ne prêtez pas attention aux gens qui disent que le verre est à moitié plein. 32% signifie -- il est important de mettre en place ses blagues correctement, Monsieur. Monsieur, ne prêtez pas attention à ceux qui disent que le verre est à moitié vide, car 32% signifie qu'il est vide aux 2/3. Ce que je veux dire c'est qu'il y a encore du liquide dans ce verre, mais je ne le boirais pas. Le dernier tiers c'est habituellement les eclaboussures. Ok, je veux dire que je ne crois pas q'il s'agisse d'un bas dans la présidence. Je crois que c'est une pause avant le retour.

C'est comme le film "Rocky". Vous voyez. Le Président est Rocky, et Apollo Creed est... tout le reste du monde. C'est le dixième round. Il est couvert de sang. Son entraineur, Mick, qui dans ce cas serait le vice président, crie "Abandonne!", et à chaque fois qu'il tombe tout le monde dit "Reste couché! Reste couché!" Est-ce qu'il reste couché? Non. Et comme Rocky, il se relève, et à la fin... en fait il perd dans le premier film.

OK. Peu importe. Ce qu'il faut comprendre, c'est qu'il s'agit de l'histoire réconfortante d'un homme qui reçoit des coups à répétition dans le visage. Donc ne prêtez pas attention aux sondages qui disent que 68% des américains désapprouvent le travail que fait cet homme. Je vous pose la question: cela ne veut-il pas logiquement dire que 68% des américains approuvent le travail qu'il ne fait pas? Pensez-y. Je ne l'ai pas fait.

Je soutiens cet homme. Je soutiens cet homme car il se lève pour des choses. Pas seulement pour, mais aussi sur des choses. Des choses comme des porte-avions, des gravats et des squares de villes récemment innondées. Cela lance un message fort: peu importe ce qu'il arrive à l'Amérique, elle rebondira -- avec les montages photos les plus puissants au monde.

C'est vrai, il y a peut être une crise énergétique. Ce président anticipe vraiment en la matière. Pourquoi pensez-vous qu'il est tout le temps au ranch à couper toutes ces broussailles? Il tente de créer une source alternative d'énergie. D'ici à 2008 nous auront des voitures au mesquite!

En plus j'aime bien cet homme. C'est un brave type. De toute évidence il aime sa femme, il l'appelle sa meilleure moitié. Les sondages montrent que l'Amérique est d'accord. C'est une vrai dame et une femme merveilleuse. Mais j'ai juste une critique m'dam.

Je suis désolé, mais cette initiative en faveur de la lecture. Je suis désolé, je n'ai jamais été un fan des livres. Je ne leur fais pas confiance, ils ne sont que faits, sans coeur. Je veux dire, ils sont élitistes, toujours à nous dire ce qui est vrai ou pas, ce qui s'est passé ou pas. Qui est Britannica pour me dire que le canal de Panama a été construit en 1914? Si je veux dire qu'il a été construit en 1941 , c'est mon droit en tant qu'américain! Je suis avec le président, que l'Histoire décide ce qui s'est ou ne s'est pas passé.

Le mieux avec cet homme c'est qu'il est solide. On sait de quel côté il est. Il croit, mercredi, la même chose, qu'il croyait lundi, et ce quoiqu'il arrive mardi. Les évènements peuvent changer, pas les croyances de cet homme.

Aussi enthousiaste que je sois d'être ici avec le président, je suis horrifié d'être entouré de media libéraux qui détruisent l'Amérique, à l'exception de Fox News. Fox news vous donne toujours les deux versions d'une histoire: la version du président et celle du vice président.

Mais vous autres, à quoi pensiez vous en révélant les écoutes de la NSA ou les prisons secrètes en Europe de l'Est? Ces choses sont secrètes pour une très bonne raison: elles sont super-déprimantes. Et si c'est votre but, misère accomplie. Au cours des cinq dernières années vous avez été si bons -- avec les baisses d'impôts, les informations sur les Armes de Destruction Massive, les effets du réchauffement climatique. Nous, les américains, ne voulions pas savoir, et vous avez eu la courtoisie de ne pas chercher à savoir. C'était le bon temps, autant qu'on sache.

Ecoutez, revoyons les règles. Voilà comment ça marche: le président prend les décision. C'est le décideur. Le porte parole annonce les décisions, et vous, les gens de la presse, vous relatez ces décisions. Faire, annoncer, relater. Passez les au correcteur d'orthographe et rentrez à la maison. Réapprenez à connaitre votre famille. Faites l'amour à votre femme. Ecrivez ce roman qui vous taraude. Vous savez, celui à propos du journaliste intrépide à Washington qui à le courage de se dresser face à l'administration. Vous savez: la fiction!

Parceque vraiment, qu'est-ce qui pousse ces gens à répondre à vos questions, après tout? Je veux dire, vous n'êtes jamais contents. Tout le monde demande des remaniements. Ainsi, la maison blanche fait des remaniements. Là vous écrivez "Oh, ils déplacent juste les chaises sur le Titanic." D'abord, c'est une très mauvaise métaphore. Cette administration ne coule pas. Cette administration décolle. A tout prendre, ils déplacent les chaises sur le Hindenburg!

Cela dit, il n'y a pas que des mauvais bougres ici. Certains sont des héros: Christopher Buckley, Jeff Sacks, Ken Burns, Bob Schieffer. Ils sont tous venus à mon émission. Au fait M. le Président, merci d'accepter de venir à mon émission. Je suis tout aussi surpris que n'importe qui ici, je vous le jure. Mardi ça vous irait? J'ai Frank Rich mais je peux l'éliminer. Et je veux dire, l'éliminer. Je connais un type... Vous n'avez qu'un mot à dire.

Voyons, qui est ici ce soir. General Moseley, Chef d'équipe de l'Air Force. General Peter Pace, président de l'union des chefs d'équipes. Ils soutiennent toujours Rumsfeld. N'est-ce pas, vous n'êtes pas à la retraite? Bon ils soutiennent toujours Rumsfeld.

Par ailleurs j'ai une théorie sur comment gérer ces généraux à la retraite qui font du chambard: ne les laissez pas porendre leur retraite! Voyons, nous avons un programme de diminutions des pertes; utilisons le sur ces types. J'ai vu Zinni et ses acolites à Wolf Blitzer. Quelqu'un d'assez fort pour aller à ces émissions de débat, est assez fort pour être derrirère une baie d'ordinateurs et pour envoyer des hommes au combat. Voyons.

Jesse Jackson est la, le Révérend. J'avais pas eu de nouvelle du Révérend depuis un petit moment. Je l'ai eu dans l'émission. Une interview très intéressante et stimulante. Vous pouvez lui demander n'importe quoi, il répondra ce qu'il veut, à l'allure qu'il veut. C'est comme boxer un glacier. Profitez de la métaphore, car vos petits-enfants n'auront pas la moindre idée de ce que peut être un glacier.

Scalia est ici. Bienvenue, monsieur. Puis-je être le premier à vous dire que vous avez une excellente mine. Comment allez-vous? [Après chaque phrase, Colbert fait un geste de la main, en référence à un geste Sicilien obscène que Scalia a adressé un journaliste qui le questionnait sur ses critiques. On voit Scalia rire de manière hystérique.] Je parle juste un peu sicilien avec mon "paisan".

John McCain est là. John McCain, John McCain, quel original! Que quelqu'un devine quelle fourchette il a utilisé pour la salade, je peux vous garantir que c'était pas la fourchette à salade. Cet homme aurait pu utiliser une cuiller! Il est imprévisible. Par ailleurs, Senateur McCain, c'est merveilleux de vous voir revenir dans le camp républicain. J'ai une maison de campagne en Caroline du Sud; faites moi signe quand vous irez tenir un discours à l'Université Bob Johnes[Université protestante fondamentaliste de la Caroline du Sud]. Je suis si heureux que vous ayez vu la lumière monsieur.

Maire Nagin! Le maire Nagin est là, venu de la Nouvelle Orléans, la ville chocolat! Applaudissez le. Maire Nagin je vous souhaite la bienvenue à Washington DC, la ville chocolat avec un centre chamallow [Washington DC etait surnommée la "chocolate city" en raison de sa forte population noire], avec un cracker croustillant de corruption. C'est un Mallomar, je crois que c'est ce que je décris, c'est un biscuit de saison.

Joe Wilson est là, Joe Wilson, juste ici devant, le mari le plus célèbre depuis Desi Arnaz[Acteur qui jouait son propre role dans I love Lucy]. Et bien sûr il est venu avec sa charmante femme Valerie Plame. Oh mon Dieu [l'air horrifié] Oh, qu'ai-je dit? Je--. Je suis désolé M. le président, je voulais dire qu'il est venue avec sa charmante femme, la femme de Joe Wilson. Patrick Fitzgerald n'est pas là n'est-ce pas?[PF est le procureur chargé de l'enquête sur la fuite qui a révélé l'identité de VP agent de la CIA et épouse de JW, ancien ambassadeur qui avait indiqué que certaines allégations de trafic d'uranium par l'Irak étaient infondées]. OK. Une balle évitée.

Et bien sur, nous ne pouvons pas oublier l'homme du moment, le nouveau porte-parole [de la Maison Blanche], Tony Snow. Nom de code "Ton(x)ycation" pour les Services secret ["Snow Job": to snow -> induire quelqu'un en erreur à l'aide de paroles élaborées et non sincères. Je crois pas qu'on puisse ignorer l'homophonie avec Blow Job (une pipe), mais je ne suis pas sûr de ça]. Le travail le plus difficile. Quel héro. Il a pris le deuxième travail le plus difficile, après bien sûr, ambassadeur en Irak.

T'as de grandes chaussures à porter, Tony. De grandes chaussures. Scott McClellan pouvait ne rien dire comme personne. McClellan, bien sur, était impatient de prendre sa retraite. Il avait vraiment le sentiment qu'il devait plus de temps avec les enfants d'Andrew Card. M. le Président, j'aurais aimé que vous ne preniez pas votre décision si vite, monsieur.

J'étais moi même en compétition pour ce travail. Je pense que j'aurais fait un fabuleux porte parole. Je n'ai que du mépris pour la presse. Je sais comment gérer ces clowns.

En fait, monsieur j'ai amené une cassette d'audition et avec votre indulgence je voudrais tenter le coup. Donc, mesdames et messieurs, ma conférence de presse.

(...)